L’Eglise Saint-Côme et Saint-Damien

L’église de Vézelise, de style gothique, a été consacrée en 1521. Elle possède, parmis ses richesses, un bel ensemble de vitraux du début du XVIe, un Orgue remarquable.

Cette page a pour vocation de rassembler les bribes de son histoire et de vous les faire découvrir, tout autant que les Vézelisiens qui ont gravité autour au fil des siècles.

Par une ordonnance en date du 20 janvier 1430, Ferry II enjoint à tous les villages du comté de faire les voitures nécessaires pour bâtir une nouvelle Eglise.

L’église qui précède l’édifice actuel, construite au XIVe siècle, a été ruinée par une guerre intestine, quand Antoine, comte de Vaudémont, voulut accaparer la succession du duché aux dépends de René Ier d’Anjou, gendre du duc Charles II qui venait de s’éteindre. La guerre de Succession de Lorraine prit fin avec le traité de Reims en 1441 et Antoine renonça à son ambition.

Par une ordonnance en date du 20 janvier 1450, Ferry II enjoint à tous les villages du comté de faire les voitures nécessaires pour bâtir une nouvelle Eglise et donne à prendre dans ses forêts tous les bois nécessaires à la construc­tion d’icelle ; que même l’on prendra toutes les pierres qui seront néces­saires aux pierreries de Viterne qui seront payées par chacun pied un gros à prendre dans la recette du dit comté. — Viterne avait de vastes carrières d’où furent extraits les matériaux de construction de la Cathédrale de Toul et de l’Eglise de Saint-Nicolas-du-Port. Les fondements furent commencés et la première pierre fut posée par le comte Ferri Il, le 20 avril 1458. Les travaux furent interrompus presque aussitôt à cause de la guerre. Ils ne reprirent qu’une trentaine d’année plus tard, sous le règne de René II.

La construction fut menée sous la vigilance du clerc Nicolas MASTIN, titulaire de la cure de Vézelise pendant une trentaine d’années. En 1514, le pape Léon X édicta une bulle d’indulgences perpétuelles pour l’achèvement et l’ameublement de l’église. L’édifice fut achevé en 1520 et consacré par le cardinal Jean de Lorraine le 6 mai 1521, en la présence de son frère, le duc Antoine.

Eglise St-Cosme et St-Damien, de Vézelise

La chronologie des restaurations montre que les habitants de Vézelise ont toujours pris soin de leur église, notamment pour deux des secteurs les plus fragiles : la toiture et les vitraux. En 1726, la flèche est abattue par la foudre, engendrant un incendie qui ne sera maitrisé qu’au prix de grands efforts de la part des Vézelisiens. Son récit, ainsi que celui de l’incendie de 1867 sont accessibles par l’interface de gauche.

À la Révolution, le maire de la ville achète l’orgue de l’abbaye lorraine de Beaupré qui est condamnée à disparaître. En 1881, le clocher est réparé. En 1885, les tuiles de la toiture sont remplacées par des ardoises, plus légères. En 1893, la sacristie est agrandie. Enfin, en 1907, l’église Saint-Côme et Saint-Damien est classée Monument historique. L’entretien continue avec la restauration générale des toitures et des maçonneries en 1922-1932. En 1939, les verrières Renaissance sont mises à l’abri près de Bordeaux. En 1940, les bombardements du 18 juin provoquent quelques dégâts légers. Néanmoins, il faut réparer la couverture sur le côté nord. La repose des vitraux a lieu dès 1947. Enfin, la flèche est remise en état à deux reprises : 1953 et 1961-1962.
L’église Saint-Côme-et-Saint-Damien est un témoin du gothique flamboyant lorrain, un style qui est resté assez frustre. Néanmoins, le visiteur pourra admirer, sur la façade sud-est un beau portail conçu dans les années 1510 et, surtout, une magnifique verrière Renaissance dans l’abside et le transept. Cette verrière, qui s’étale actuellement sur sept baies, a connu une histoire chaotique. C’est l’une des plus belles verrières Renaissance de la Lorraine.

L’église de Vézelise est homogène et appartient au style ogival tertiaire ou flam­boyant. Ce style est caractérisé, ici comme ailleurs, par la forme des nervures qui sont en général prismatiques et très anguleuses, et par l’absence des chapiteaux, par l’enlacement et la multiplicité des nervures sillonnant les voûtes et des meneaux divisant les fenêtres. Toutefois, ce style n’a pas en Lorraine le même caractère que dans plusieurs autres contrées. Il est parfois, comme à Vézelise, d’une sobriété extrême et n’atteint pas, il s’en faut, la splendeur de développement et l’épanouis­sement presqu’excessif qu’il a reçu ailleurs et qui lui a fait donner ce nom de ogival flamboyant.

Les guerres fréquentes dont la Lorraine fut le théâtre et la misère qui en résulta donnèrent lieu à cet amoindrissement de l’art ogival.

On s’efforça de construire au meilleur marché possible et on simplifia les ornements et les motifs de décoration. Toutefois, il s’éleva ici et là de beaux et majestueux édifices. L’église de Vézelise est un des plus remarquables. Beaucoup d’églises de notre Lorraine ont été bâties à cette époque. On en compte un certain nombre dans le Saintois, entr’au­tres celles de Frolois, Goviller, Pulligny, Houdreville, etc…

Le plan de l’église est un rectangle terminé par une abside penta­gonale.

La partie rectangulaire comprend une nef principale accompagnée de deux nefs latérales.

On y compte cinq travées, dont une plus large pour le transept. Ce transept qui fait avant- chœur n’est indiqué que par l’élévation des voûtes des bas-côtés, qui, à cet endroit, atteignent la hauteur de la nef centrale. La grande nef se termine par une abside pentagonale qui forme le chœur et le sanctuaire.

Les dimensions pour la nef et le transept sont:

29 mètres de longueur; 17m,10 de largeur; 15m,30 de hauteur jusqu’à la clef de voûte dans la maîtresse nef et 7m,10 dans les bas-côtés. L’abside a 6m,20 de profondeur sur 8m,70 de largeur.

En sorte que la longueur totale serait 35,20m, auxquels il faut encore ajouter la profondeur du vestibule qui fait chapelle sous la tour. Ce ves­tibule maintenant fermé, était autrefois un passage voûté ouvert de chaque côté comme l’indiquent encore les larges baies que l’on a maçon­nées depuis, sauf à y laisser deux petites portes d’entrée surmontées chacune d’une fenêtre s’encadrant dans le tympan de ces deux grandes baies.

Au-dessus de ce vestibule, actuellement chapelle dédiée à la Sainte-Vierge, s’élève la tour, à l’aspect de l’Occident (car l’église est orientée suivant la tradition chrétienne), au milieu du pignon de face. Cette tour présente six étages assez nus, le dernier seulement est percé de quatre fenêtres ogivales géminées, analogues à celles de l’église.

Cette tour supporte une flèche, très élancée, en charpente, recouverte d’ardoises s’élevant à une hauteur totale d’environ 63 mètres, la tour comptant elle seule 35 mètres.

Autrefois, la flèche du clocher de Vézelise et la grosse tour de son château-fort se faisaient vis-à-vis. Une légende raconte, encore aujourd’hui, ce face à face:

C’était par un beau clair de lune.

La tour féodale causait avec le clocher chrétien; la rivière argentée coulait près d’eux, reflétant dans ses eaux les créneaux de la forteresse, les arbres de la rive, la flèche élancée et les pignons pointus des mai­sons de la cité.

— Oses-tu bien t’élever en face de moi ? disait la Tour, couvrant de sa grosse voix le murmure de la rivière et le bruit de la ville. Tu n’es qu’une aiguille de charpente qui tremble au vent, tandis que mes rem­parts de granit bravent la tempête. La rouille dévore ta petite croix de fer et mon diadème de créneaux est indestructible. Quand mon beffroi retentit, le canon lui répond, et des bataillons armés s’élancent de mes portes, tandis que ta cloche plaintive n’éveille que les échos et n’appelle à la prière du soir que des femmes et des enfants. Tes débris joncheront bientôt le sol et serviront à réparer les brèches de mes puissantes murailles.

— Tu es moins forte que tu ne crois, répondit le Clocher, et je le suis plus qu’il ne te semble. Ta force vient de la terre; la mienne vient du Ciel. Ma petite croix durera plus que ta large couronne. Ton beffroi con­voque les ennemis au nom de la Haine. Ma cloche réunit les Frères au nom de l’Amour. N’appelle pas ma ruine, car ce serait appeler la tienne.

Bientôt, en effet, les ennemis vinrent. Le canon démolit la Tour. Les vainqueurs donnèrent ses dépouilles à l’Eglise. Les vaincus y trouvè­rent un asile. La cloche sonna le triomphe des uns et la délivrance des autres, et quand une pierre tomba du clocher, on mit à sa place une pierre de la Tour.

Aujourd’hui le clocher est debout, la flèche monte toujours vers le ciel ; la tour féodale a été rasée, le laboureur sème le blé dans son enceinte et porte sa gerbe à bénir dans le temple chrétien.

Sources

Le site de patrimoine-histoire

Tiré en partie des B.P de janvier et février 1910. P. Mansuy, regroupés dans “Histoires et événements concernant Vézelise”

Les cloches, dont le bronze date de 1824, portent sur leur robe leur état civil, leur origine, la date de leur naissance au temporel et au spirituel.

Elles furent fondues par Perrin-Martin, de Robécourt (Vosges).

La grosse, porte cette inscription : J’ai été fondue l’an 1860 pour la ville de Vézelise ; j’ai été bénite par M. Jean-Adam Klein, doyen du canton de Vézelise ; j’ai pour parrain M. Nicolas-Victor-Amédé Rollin, maire de Vézelise, membre du Conseil général, et pour marraine, Charlotte Mulnier, baronne Pouget, représentée par Mme Clarisse Pouget, épouse de M. Alfred de Boisdeffre, colonel d’état-major.

La grosse moyenne,  porte cette inscription : J’ai été fondue l’an 1860 pour la ville de Vézelise ; j’ai été bénite par M. Jean-Adam Klein, doyen du canton de Vézelise ; j’ai pour parrain M. Jean-Joseph Antoine Contal, veuf de Mme Marguerite-Caroline Salle, ancien magistrat, et pour marraine Mme Emélie Rollin, représentant la famille Lachasse, à cause de sa mère Mme Rose Lachasse, représentée elle-même par Mme Félicie Catherine Saulxerotte, épouse de M. Victor Contal.

La petite moyenne porte cette inscription : J’ai été fondue l’an 1860 pour la ville de Vézelise ; j’ai été bénite par M. Jean-Adam Klein, doyen du canton de Vézelise ; j’ai pour parrain M. Antoine-Felix Carbon-Valentin, ancien greffier et pour marraine Mme Claudine-Emma Rollin Munier, épouse de M. Jean-Baptiste-Albert Vernier, propriétaire.

Inscription de la petite : Fondue l’an 1860 pour la ville de Vézelise, j’ai été bénite par M. Henri-Edouard Bègue, curé de Villey le-Sec. J’ai en pour parrain M. Jean Nicolas Thouvenin, propriétaire et pour marraine Mlle Anne-Emélie Gegout fille de M. Jean-Baptiste Gegout et de Mme Elisabeth Olry.

Elles pèsent respectivement 861kg, 633kg, 457kg et 267kg, selon le registre du fabricant datant de 1860

La note donnée par nos cloches :
la grosse, mi bémol ; la grosse moyenne, fa ; la petite moyenne, sol ; la petite, si bémol.

L'une des 4 cloches de l'église de Vézelise
L'une des 4 cloches de l'église de Vézelise

Sources

B.P d’octobre 1925. Ch. Martin, extrait du regroupement d’articles “Histoires et événements concernant Vézelise”

En 1929, lors de la réparation du soubassement de l’Ange Adorateur de gauche du Maître-Autel, a été trouvé, dans la maçonnerie, une fiole.

Elle contenait les renseignements que voici « L’An mil huit cent quatre vingt huit, le vingt six mars, on a posé les deux Anges adorateurs qui sont de chaque côté de l’autel. Ces Anges ont été faits par M. Huel, sculpteur à Nancy, et commandés par l’Abbé G. Missenard, curé-doyen de Vézelise. Ils ont été payés par des dons de quelques personnes généreuses, qui ont voulu garder l’anonymat, priant le Seigneur de vouloir bien agréer leur offrande. » La fiole a été replacée dans la maçonnerie.

De même, en réparant la mosaïque qui se trouve au pied de l’autel Saint-Joseph, le maçon a découvert quelques monnaies (liards de Lorraine ?) dans le ciment, mais il n’a pas été possible de les identifier, l’effigie en était trop altérée.

Les anges d’adorateurs ont été réalisés par Victor Huel (Nancy 1844 – 1923) en  1888.
L'un des deux anges adorateurs de l'église de Vézelise
L'un des deux anges adorateurs de l'église de Vézelise
Ange adorateur de droite
Ange adorateur
Ange adorateur

Sources

B.P juin 1929. Ch Martin, extrait du regroupement d’articles “Histoires et événements concernant Vézelise”

Dans un obituaire (registre de fondations de messes), rédigé vers 1680, par Jean-African Verny, curé de Vézelise et doyen rural du Saintois, il est fait mention d’ une bulle du pape Léon X (8 mai 1514), octroyant à l’église de Vézelise le privilège d’une indulgence de 10 ans et de 10 quarantaines pour certaines fêtes de l’année.

Le texte de cette bulle a dû sans doute disparaître à la Révolution, si ce n’est déjà auparavant. Désirant en connaître la teneur, le Chanoine Martin, curé de Vézelise en son époque, écrivit à Rome en 1930, convaincu qu’il serait possible de retrouver l’original dans les archives de la Bibliothèque vaticane, une des plus importantes d’Europe et libéralement ouverte à tous les chercheurs.

Il s’adressa à l’un des principaux archivistes, Mgr. Tisserant, prêtre du diocèse de Nancy qui fit les recherches et en expédia une copie.

La bulle est rédigée en un beau latin classique. Le pape Léon X était un fin lettré, un humaniste et le protecteur des Lettres et des Arts, en cette importante époque de la Renaissance.

Voici la traduction — bien imparfaite — de ce document intéressant :

« Léon…. à tous les fidèles qui liront la présente lettre, salut… Divinement préposé à la garde du bercail du Seigneur, et répondant au devoir de notre charge pastorale… nous ne pouvons que prendre à cœur le salut de nos ouailles et les encourager à la pratique d’œuvres pies et méritoires qui leur faciliteront l’obtention du salut éternel.

« C’est pourquoi, désirant que l’église de saint Côme et de saint Damien — de la ville de Vézelise, au diocèse de Toul — dont le curé est Nicolas Mesmin, notre cher fils, ami familier de longue date — « dilectus filius, et familiaris continuus commensalis noster » — soit dignement honorée, tenue en juste vénération, réparée et conservée comme il faut, et dotée de livres, calices, et autres ornements liturgiques. Désirant que de toutes parts, les fidèles y viennent satisfaire leur dévotion, et qu’ils lui prêtent leur concours (financier), avec d’autant plus d’empressement qu’ils seront certains d’y recueillir des faveurs célestes, voici ce que nous décidons :

« Confiants en la miséricorde divine et fort de l’autorité des saints Apôtres Pierre et Paul, nous accordons une indulgence de dix ans et de dix quarantaines, à tous les fidèles de l’un et l’autre sexe, vraiment pénitents et confessés, qui visiteront la dite église, y prieront et lui feront une offrande… aux fêtes suivantes : Dimanche des Rameaux, Pâques, Fête de saint Pierre, et de saint Paul, Fête de saint Côme et de saint Damien, la Toussaint, Noël.

« Cette indulgence peut se gagner dès la veille de ces fêtes, à partir des premières vêpres, jusqu’au lendemain, au coucher du soleil.

« Nous déclarons en outre que cette indulgence est à perpétuité, que si pour un motif quelconque, elle doive être momentanément suspendue, elle sera remise aussitôt en vigueur… etc.

« Donné à Rome, à Saint-Pierre, l’an de l’Incarnation du Seigneur mil quinze cent quatorze, le huit mai, la deuxième année de notre Pontificat. »

Sources

B.P de janvier 1930. Ch. Martin, extrait du regroupement d’articles “Histoires et événements concernant Vézelise”

Autrefois, l’église de Vézelise comptait un grand nombre de petits autels, aujourd’hui disparus.

Ils étaient adossés aux piliers (il n’y avait pas encore de bancs fixes comme maintenant) et la plupart étaient dédiés aux saints patrons des corporations.

L’existence de ces autels est connue grâce à un rituel ancien tout entier manuscrit qui porte en appendice, sous la signature du sieur de Champigny d’Hennezel, curé, et à la date de 1751, le cérémonial à suivre le jeudi saint pour le lavement des autels. Le clergé se rendait à chaque autel, procédait au lavement pendant que l’on chantait l’antienne du Saint et que l’on récitait l’oraison respective. Il commençait par le maître-autel. De là, le clergé passait à l’autel Saint-Joseph. Après quoi il lavait les petits autels des piliers.

Premier pilier de gauche : autel de Notre-Dame-de-Pitié. (Jean de Malvoisin, en 1586, fit une fondation de messes à dire (deux par semaine) à cet autel. Il est inhumé près de ce pilier; l’inscription funèbre existe encore, coincée sous le premier banc. Il est probable que notre belle Pietà provient de cet autel).

Deuxième pilier : autel de Saint-Eloi, patron de la Confrérie des Maréchaux. À la clé de voûte de la travée du bas-côté se trouve correspondre l’écusson de la corporation (un marteau et des tenailles).

Troisième pilier : autel de Sainte-Anne, fondation de deux messes par mois faite par le sieur Henry Gruyer (le mari de la Dame de Tiacourt, dont la dalle a été redressée près du petit portail).

Quatrième pilier : autel de Saint-Pierre, patron de la Confrérie des Maçons et des Charpentiers.

Voilà pour les piliers de gauche. Le clergé devait, remontant la nef, s’arrêter aux autels des piliers de droite.

Quatrième pilier (à droite) : autel de Notre-Dame-des-Vertus. Quand on a supprimé les autels des piliers, la statue de Notre-Dame a été transférée sous la tour.

Troisième pilier autel de Saint-Honoré, patron de la Confrérie des Boulangers.

Deuxième pilier : autel de Saint-Jean-Baptiste (une fondation, faite en 1400, de trois messes par semaine dans la chapelle qui existait là où fut bâtie l’église; la fondation a continué dans l’église nouvelle).

Premier pilier : autel de Saint-Michel, patron de la Corporation des Marchands de la Ville.

Enfin, le clergé montait au chœur et terminait par l’autel de l’Annonciation, fondation de quatre messes par mois, faite par le seigneur d’Etreval (de Tavagny).

Au total, onze autels, y compris le maître-autel. Aujourd’hui (décembre 1931) l’église n’en compte plus que cinq… Pour devenir basilique, une église doit, entr’autres conditions, posséder au moins sept autels.

Ces petits autels disparus étaient surmontés sans doute de la statue du Saint, comme on peut en voir la trace à la base des piliers.

Sources

B.P de décembre 1931 Ch. Martin, extrait du regroupement d’articles “Histoires et événements concernant Vézelise”

Près de cent ans après que la grosse tour du Château et les cinq tours de la Ville, et ses vieilles murailles eurent été démo­lies et rasées par les soldats de France, le 30 mai 1726, jour de l’ Ascension, à 2 heures du matin, la Foudre tomba sur le clocher de l’église.

Une épaisse fumée sillonnée d’étincelles et de flammes annonça le sinistre. Le sonneur fit son devoir. Aux roulements majes­tueux du tonnerre que répétaient les échos de la vallée se joignirent les sons lugubres du tocsin, appelant en hâte les habitants de la ville et les paysans des campagnes voisines.

Les braves bourgeois de Vézelise cherchèrent à concentrer les flam­mes, à empêcher qu’elles ne descendent et dévorent la flèche : l’honneur, l’orgueil de la Cité. Mais il fut impossible de sauver le sommet et il y eut 25 pieds de charpente brûlés. Les archives ajoutent que ce ne fut qu’avec du lait pris tant à Vézelise qu’aux envi­rons qu’on parvint à l’éteindre.

À la pointe du clocher, le fameux couvreur de Vézelise Jean Hacquin, couché sur une échelle que soutenaient son fils Jacques et quelques hommes déterminés, dirigeait d’une main mal assurée le sauvetage de la flèche. Sa position était des plus critiques en face de cette flamme ardente au milieu des étincelles qui tourbillonnaient autour de lui, de la fumée qui l’environnait et l’aveuglait, et du plomb fondu qui ruisselait comme une nappe de feu. Cependant sa persévérance infatigable et celle de ses courageux auxiliaires fut couronnée de succès. La croix métalli­que tomba, son poids l’enfonça profondément dans le pavé de la place de l’Eglise, les poutres fumantes couvrirent le pavé, les ardoises volè­rent mais, grâce au dévouement des deux Hacquin et des bourgeois, l’incendie fut éteint et, sauf une amputation réparable, la flèche fut sauvée.

Autre récit, le discours de A. Serrière, prononcé en plein air à SION, le vendredi 10 septembre 1920, devant les pèlerins du canton de Vézelise:

Le 30 mai 1726, à deux heures du matin, la foudre était tombée sur l’élégante flèche de votre église et l’avait embrasée. Tocsin, effroi des dormeurs surpris, lumières nerveuses courant de toutes parts dans la nuit, attroupements, cris, désordre enfiévrant les petites rues étroites, rien ne manquait pour impressionner une population paisible. Et le péril, surgi dans la vitesse d’un éclair, justifiait l’affolement des gens mal éveillés : il ne s’agissait pas que de sauver une œuvre d’art, d’une finesse et d’une 11
légèreté aérienne, c’était la cité entière qu’il fallait préserver, la pauvre cité qui frissonnait de peur, serrée dans ses remparts au fond d’un val exigu, ramassée autour de la vieille église qui fait encore son orgueil, et que l’embrasement de la flèche menaçait tout â coup de détruire dans un incendie général.”

” Avec une soudaineté brutale, ce feu nocturne prenait les proportions d’un malheur public. Et le sauvetage paraissait impossible. Les ténèbres hachées de lueurs d’orage et de rougeoiements, rayées d’étincelles qui retombaient en gerbe sur les maisons, la hauteur du brasier qui flambait en l’air comme une torche démesurée, fantastique, le plomb fondu qu’on entendait descendre en bouillonnant le long des toits et rebondir sur le pavé en éclaboussures dangereuses, tout donnait à réfléchir aux plus résolus. ”

” Des ouvriers et des bourgeois, avec un courage où ils jouaient leur vie, essayèrent pourtant la difficile besogne… Et tout le monde tremblait… et pendant que les téméraires grimpaient aux échelles, les rues se mettaient en prières; toutes les âmes se tournèrent vers Sion et implorèrent la Vierge. Dans l’effervescence on jeta de tout sur le foyer, jusqu’à du vin et du lait, et à six heures du matin seulement, après quatre heures de fatigue et de combat, les hardis sauveteurs étaient enfin maîtres du feu.”

” Ce fut une chaude alarme, Vézelise en garda longtemps le souvenir. L’anxiété avait été si grande, la croyance au miracle si générale et si prompte que le prévôt réunit aussitôt les échevins au conseil et décida avec eux d’organiser à Sion un pèlerinage de reconnaissance. L’autorité civile s’entendit avec l’autorité religieuse et la catastrophe conjurée devint ainsi l’origine d’une série de manifestations imposantes que Vézelise renouvelait tous les ans, à l’anniversaire de ce 30 mai 1726 qui l’avait effrayé.”

” Les chemins de Villars et de Chaouilley virent alors passer des processions d’une beauté, d’une piété dont nous n’avons plus le spectacle. Elles étaient organisées officiellement par l’Hôtel de Ville qui en réglait le cérémonial avec un soin religieux. Le conseil des notables dictait le règlement, l’appariteur l’annonçait la veille au son du tambour, et les habitants n’avaient plus qu’à s’y soumettre.”

” Au jour fixé, c’était tout Vézelise qui s’ébranlait vers Sion sur deux rangs inflexibles. Chacun avait sa place marquée dans le cortège, les Minimes, les Capucins, le Clergé, le Bailliage, la Gruerie, l’Hôtel de Ville, les Marchands, les Corps de métiers sous leurs bannières, tout ce monde partait de grand matin, en psalmodiant des psaumes, en chantant des cantiques. ”

” Personne n’avait le droit d’y manquer sans excuse, le récalcitrant était accusé de nuire aux intérêts de la cité. Le Conseil de Ville punissait de 25 francs d’amende ( somme énorme pour l’époque) le paresseux qui restait chez lui et de 5 francs l’étourdi qui par son indiscipline, avait dérangé le bon ordre de la procession.”

photomontage de l'église de vézelise en feu en 1726
photomontage de l'église de vézelise en feu en 1726

Voici les procès-verbaux des archives où Jacques et Jean Hacquin, les ardoisiers couvreurs déjà nommés, mentionnent aussi avec éloge Jean Le Lièvre, pour son courage à lutter contre l’incendie.

“Ce jour d’huy, trente et unième May, mil sept cent vingt-six, en l’as­semblée extraordinaire de police de Vézelise, cinq heures de relevée,… Le feu du Ciel étant tombé le jour d’hier sur les deux heures un quard du matin sur la partye supérieure de la flèche de l’Eglise paroissiale de ce Lieu, pièce autant admirable dans sa structure que rare dans son es­pèce, il y fit des brèches très-considérables, causa une alarme univer­selle dans toute la ville. Les ouvriers, quoyque commandés, ne pouvaient y apporter aucun secours, ni arrêter le progrès de ce même feu, sans un danger évident de perdre leurs vies, tant par rapport à l’obscurité de la nuit qu’à la hauteur de la flèche et au plomb, qui, se fondant, cou­lait de toute part. La ruine de cette mesme flèche causait l’embrasement général de toute la ville. Trois à quatre ouvriers (Les Hacquin père et fils et Jean Le Lièvre) soutenus de plusieurs bourgeois et ayant posé leur eschelle et estant monté à l’endroit où estait ce même feu, à force de vin et laict tant de la ville que de la campagne, il fut estaint sur les cinq à six heures de tout quoy, nous prenant acte, avoir dressé le pré­sent procès-verbal et, de suitte, avons fait inviter les notables bour­geois de cette ville pour délibérer sur ce qui serait le plus expédient de faire, dans le cas présent,

Scavoir

1° Si on rétablira la flèche sur la même hauteur quelle est, ou si on la coupera à l’endroit que le feu a consommé (sic).

2° Quelle récompense on peut donner aux ouvriers qui l’ont secourus (sic).

3° De quels deniers et comment se pourra restablir cette mesme flè­che, et s’il ne serait pas nécessaire de se pourvoir aux Grâces de Son Altesse Royale, au sujet des deniers patrimoniaux et d’octroye qu’elle s’est réservée. (A l’époque, Vézelise avait un octroi affermé environ 10.000 livres) pour lui en demander l’abandonnement.

4° S’il ne serait pas trouvé à propos de faire une procession à Notre-Dame de Sion pour remercier Dieu de ce qu’on a été préservé de l’in­cendie dont on était menacé.

 

Oüy le Procureur Syndicq,

L’affaire mise en délibération a été accepté sur le premier article.

Oüy les ouvriers qu’il est nécessaire absolument de rétablir la flèche sur la même hauteur qu’elle est aujourd’hy.

Sur le seconds que les Hacquin père et fils et Jean Le Lièvre ayant exposé leurs vies pour le bien publicq, et empesché l’embrasement gé­néral de la ville, très-humbles remonstrances seront faites à Son Altesse Royale, pour obtenir d’Elle la franchise et l’exemption en leurs faveurs (sic) pendant leurs vies naturelles durantes.

(Franchise et exemption des impôts et charges communes).

Sur le troisième que très humbles remonstrances seront réitérées à Son Altesse Royale pour obtenir de ses Grâces la totalité des deniers patrimoniaux et octroys de cette ville pendant tout le temps qu’elle se les a réservés.

Sur le quatrième, que procession solennelle sera faite à Notre Dame de Sion pour implorer la miséricorde de Dieu par son intercession et le remercier de nous avoir préservé d’un prochain embrasement dont nous estions menacés, à l’effet de quoy le Révérends Pères Minimes et Capu­cins seront invités de s’y trouver et les Bourgeois en corps mandés, à quatre heures du matin.

Suivent les signatures du Procureur Syndicq, de Monsieur le Prévot et autres dignitaires et notables de la ville, MM. Poinsignon, Guérin, Lachasse , Vinchel, Laurent, Frémy.. – etc…”

Les Ediles et les Notables de Vézelise, en l’an de grâce 1726 n’attendirent pas au surlendemain pour s’occuper de réparer ce désastre.

Ils se mirent à l’œuvre immédiatement, et cette fois, le firent avec d’autant plus de zèle qu’ils tenaient à restaurer dignement cette flèche, dont ils étaient justement fiers : pièce autant admirable en sa structure que rare en son espèce.

Son Altesse Royale, en 1726, était le Bon Duc Léopold, si longtemps regretté des Lorrains, lui qui disait « Je quitterais demain ma souve­raineté, si je ne pouvais faire du bien ». Sa générosité était proverbiale et son règne fut une ère de réparation et de bonheur pour le pays, après les grandes misères du règne de Charles IV.

Son Altesse exauça donc la supplique des Bourgeois de Vézelise au sujet des deniers patrimoniaux et d’octroy.

Elle accorda pareillement franchise et exemption aux ouvriers cou­vreurs (les deux Hacquin et Jean Le Lièvre) qui avaient héroïquement combattu l’incendie.

De leur côté les Bourgeois se montrèrent généreux et s’imposèrent pour la somme de trois mille francs.

Les Hacquin et Jean Le Lièvre reconnaissants de la faveur à eux ac­cordée voulurent se charger aux conditions les plus avantageuses pour la ville de la restauration des charpentes et ardoises du clocher et des toitures de l’église endommagée.. . et Vézelise vit bientôt sa superbe flèche, grâce aux habiles et dévoués ardoisiers couvreurs, s’élever triom­phante au-dessus de l’antique cité.

Sources

Quelques pages de l’histoire de Vézelise, regroupement d’articles de P. MANSUY, Curé de Vézelise de 1899 à 1915

Cent-quarante et un ans après l’incendie de 1726, la foudre tomba de nouveau sur la haute flèche de l’Eglise de Vézelise.

Voici, comment, dans une note manuscrite, M. Klein, alors curé de la paroisse, relate cette catastrophe:

“Je tiens à consigner pour mémoire un événement qui pouvait causer à notre belle Eglise le plus terrible dommage.

Le vingt avril dernier, jour du samedi-saint, à quatre heures trois quarts du matin, un coup de foudre sec et tout à fait rapproché se fit entendre.

Le fluide électrique, attiré sans doute par la croix de fer de notre clocher mit le feu tout à l’extrémité de notre superbe flèche, qui brûla pendant près de trois heures, malgré les secours les plus prompts qui furent apportés par la compagnie des sapeurs-pompiers, nouvellement organisée et dont plusieurs membres se distinguèrent par leur courage et leur intrépidité.

À sept heures et demie, le pied de la croix, dont on avait beaucoup exagéré le poids, et dont on redoutait la chute, échauffé par le feu, se déchira et vint par quatre bonds tomber devant le presbytère (l’ancien presbytère). Une branche de la croix s’engagea d’abord vers le milieu de la flèche à travers les ardoises, ce qui amortit beaucoup la force de propulsion, car, de là, la masse de fer retomba sur le sommet même de la grande nef, glissa ensuite sur les toitures des bas-côtés et des maisonnettes adjacentes et arriva dans la rue sans avoir causé d’autres dommages que quelques bois et quelques tuiles brisés. (A cette époque l’Eglise était encore couverte de tuiles).

Une demi-heure après la chute de la croix, les pompiers étaient maîtres du feu, qui avait brûlé quelques mètres seulement du sommet de la flèche, endommagé aussi la charpente un peu plus bas, mais qui aurait pu causer de bien plus grands ravages. Car, à peine le feu éteint, le temps, qui était calme, changea, le vent s‘éleva, et l’ incendie aurait probablement pris des proportions redoutables.

Les archives de la ville font mention d’un accident semblable arrivé en 1726 le jour de l’Ascension; mais il parait que les dégâts ont été bien plus considérables que cette dernière fois.

La ville avait eu la précaution de profiter de l’établissement des com­pagnies d’ assurance contre l’incendie, et quoique, pour des raisons particulières, elle n’ait pas eu à se louer de ces assurances, cependant, les experts nommés de part et d’autre ayant fixé le chiffre des dégâts à 3.200 francs, on pensa, avec cette somme suffire aux réparations. La flèche fut restaurée par les frères (Saunier), et M. Bardot, ferblantier, fournit le coq qui la surmonte.”

Tel est le récit de M. le curé Klein, témoin de l’incendie.

On peut voir, dans quelques maisons de Vézelise, la photographie qui fut prise de la flèche amputée par la foudre. L’une de ces photo­graphies est entourée d’un cadre formé de fragments de planches calci­nées par la foudre.

Il est juste de rendre hommage au dévouement des hommes qui luttèrent contre l’incendie de 1867. Il faut nommer particulièrement M. Victor Guerre, car c’est surtout grâce à ses courageux efforts qu’on parvint à conjurer le désastre qui menaçait la flèche et l’Eglise.

Sources

Quelques pages de l’histoire de Vezelise, regroupement d’articles de P. MANSUY, Curé de Vézelise de 1899 à 1915

Cette chapelle, dite jadis chapelle du Sépulchre, se nomme ainsi parce qu’elle renfer­mait jadis un Saint Sépulchre dont les statues ont été dispersées.

L'ancienne chapelle du Saint Sépulcre

Cette chapelle avait été primitivement fondée pour être chapelle de sépulture, comme en témoigne l’inscription qu’on peut lire sur la muraille et dont voici le texte:

“Cy gist honorable homme Jehan Brison ?? Sieur de Solcourt, lieute­nant général du Comté de Vaudémont, lequel a fondé dire en cette cha­pelle une messe basse par chacun mercredy de l’année, et aussy une haute messe avec diacre et sous-diacre pour son obit au jour de son trespassement, lequel fut l’an de N.-S. mil cinq cent vingt et un le dix de février. Priez Dieu pour luy.”

Dans le pavé de la chapelle, une pierre tombale recouvre les restes du lieutenant général, dont la pourtraicture est gravée dans la pierre, accostée de son blason.

On peut lire cette autre inscription :

“Cy gist honorable homme Nicolas Malvoisin, tabellion et chef du controlle du comté de Vaudémont, lequel trépassa en l’an de N.-Seigneur 1530, le 24 avril.”

Enfin, dans cette même chapelle fut inhumé en 1667, le sieur Roussel, avocat.

De nombreuses restaurations au début du XXème siècle

En restaurant la muraille extérieure, ont été trouvés, encastrés dans le mortier, des têtes de mort et des autres ossements provenant sans doute du cimetière qui entourait l’église primitive.

Quand les statues qui composaient le Saint-Sépulchre de Vézelise eurent été enlevées, vers le milieu du XIXe siècle, la chapelle fut fermée, et devint une sorte de remise, de fourre-tout, où s’entassèrent vieux paillassons, chaises cassées, etc., etc… A son arrivée dans la pa­roisse en 1899, P. MANSUY, Curé de Vézelise, ayant fait déblayer cet entassement, pensa qu’il de­vait y avoir dans la muraille une baie remplie par une maçonnerie et, en effet, en quelques coups de marteau, découvrit une baie à arc surbaissé qui s’ouvre sur l’église et qu’il ferma ainsi que la porte par une grille en fer forgé. Il avait été pratiqué du côté de la rue une grande fenêtre sans style et qui du reste tombait en ruine. P. MANSUY la fit remplacer par les deux trèfles qu’on voit actuellement. Une personne charitable donna les deux petits vitraux qui représen­tent l’un: saint Louis, portant la Sainte Couronne d’Epines, L’autre : le Duc de Lorraine, Charles IV, remettant une des Saintes Epines aux Religieux Tiercelins de Sion.

La plaque de marbre noir placée à l’intérieur de la chapelle rappelle comment cette Sainte Epine passa, du trésor des Ducs de Lorraine, dans celui de N.-Dame de Sion, puis, après la Révo­lution, fut conservée religieusement dans l’église de Vézelise.

Au cours des travaux nécessités par l’état de délabrement de cette chapelle, en remuant le pavé, il retrouva à côté des ossements du lieutenant général, une pierre qu’il reconnut être la pierre de l’autel primitivement établi en cette chapelle et sur lequel, d’après l’acte de fondation gravé sur la muraille, la Sainte Messe devait être célébrée, basse, chaque mercredi de l’année et haute avec diacre et sous-diacre à l’anniversaire du trespassement dudit lieutenant général.

Ainsi P. MANSUY rétablit l’autel, au-dessus duquel il plaça le reliquaire de la Sainte-Epine.

Les travaux pour la restauration des murailles et de la voûte, l’achat d’une lampe, de chandeliers, la dépense considérable faite pour les deux grilles en fer forgé furent payés grâce à un legs et aux dons des  paroissiens de Vézelise, heureux de voir cette chapelle rendue au culte, et la Sainte-Epine conservée, ainsi que le porte la sixième leçon du Breviaire nancéien, conservée avec un religieux respect dans leur église paroissiale : In Ecclesia oppidi Vezeilii honorofice asservatur.

À côté de cette chapelle, dans le bras droit du transept, s’en trouvait une autre du même genre, également autrefois chapelle de sépulture, bien que transformée par la suite en sacristi.

La chapelle possédait autrefois une belle Mise au tombeau du XVIe siècle. Mais les statues ont été transférées au cimetière de la ville à la fin du XVIIIe siècle, puis six d’entre elles ont été offertes au musée d’Épinal.

Chapelle de la Sainte-Epine
Vitrail trèfle dans la chapelle de la Sainte-Epine
Vitrail trèfle dans la chapelle de la Sainte-Epine

Sources

Quelques pages de l’histoire de Vezelise, regroupement d’articles de P. MANSUY, Curé de Vézelise de 1899 à 1915

L’entrée principale de l’église de Vézelise. — le grand portail —, est placée au centre de la face latérale, du côté du Midi.

Car l’église est orientée, suivant l’ancienne coutume ayant son abside ou chevet à l’orient et la tour au couchant, à quelque chose près…

Cette entrée est précédée d’un porche élevé dans l’intervalle de deux contreforts.

La face extérieure du porche, qui est d’une grande simplicité, con­traste, d’une manière frappante, avec la richesse de la porte d’entrée, placée dans le fond.

Cette face extérieure se compose d’un mur uni en pierre de taille, percé, au centre d’une grande baie ogivale, aux angles sont des contre­forts surmontés de gargouilles, en forme d’animaux. Enfin, à la nais­sance de l’ogive sont, de part et d’autre, des culs de lampe qui suppor­taient autrefois les statues des patrons de la paroisse, Saint-Côme et Saint-Damien.

La voûte du porche est construite en maçonnerie ordinaire, avec arêtes de pierre de taille, dont la combinaison forme, en plan, une étoile à huit branches inégales.

L’ouverture de la grande porte qui donne entrée à l’église est assez basse, relativement à sa largeur. L’arc qui la couronne est très sur­baissé cette forme est un acheminement au style de la Renaissance.

On remarque encore cette tendance dans les piliers engagés, placés dans les côtés de la baie, et qui sont décorés de petits pilastres avec bases et chapiteaux, dont le faisceau est embrassé par des spirales en relief sur le tout.

Ces piliers sont surmontés de clochetons élancés, de style ogival flamboyant, entre les quels est une riche décoration composée d’arcs en accolade en lanciers formant divers compartiments. Ces arcs sont sur­montés de fleurons et de choux, de dimension relativement forte, et dont la forme a une grande analogie avec ceux de la Porterie du Palais Ducal de Nancy, qui appartient au style dit de transition.

Au centre du panneau curviligne formé par les arcs enlacés on remarque un écusson incliné, dont les armoiries ont été effacées; c’était probablement celles du Duc de Lorraine, car le cimier qui les surmonte est timbré d’un alérion, l’une des pièces de son écu. Or nous avons vu que l’église a été commencée, continuée et terminée par l’ordre *avec l’aide du comte Ferri et des ducs René et Antoine.

Deux niches avec culs de lampe et pinacles de la plus grande richesse, complètent la décoration supérieure de cette remarquable porte.

Dans le bas, entre les piliers et l’ouverture de la baie, sont deux autres niches ornées de culs de lampe et de dés en pyramide.

Enfin, quatre culs de lampe ou supports, dont deux sont placés sur l’arc de la porte, et deux à droite et à gauche, sur les murs du fond, complètent la décoration actuelle. Sur ces deux socles se trouvent des statues, l’une qui paraît représenter sainte Anne, l’autre un ange por­tant un des instruments de la passion, mais brisé… Dans le jardin de l’hospice il y a deux statues d’ange du même genre… peut-être vien­nent-elles toutes trois de l’ancien grand autel démoli en 1757 et qui, d’après les archives était en forme de retable d’une hauteur prodigieuse et orné de quantité de statues et statuettes en pierre de taille, marbre et albâtre.

Deux statues de marbre représentent l’une sainte Marguerite, l’autre l’apôtre saint Paul. Elles ont été replacées dans les niches supérieures du portail, vides de leurs statues depuis la Révolution.

Sources

Quelques pages de l’histoire de Vezelise, regroupement d’articles de P. MANSUY, Curé de Vézelise de 1899 à 1915

Le sol de l’église de Vézelise est couvert de pierres tombales.

L’église actuelle a été construite sur le terrain du cimetière qui entourait la chapelle primitive, Saint-Jean de Braihaut, et, à peine était-elle achevée que l’on commençait à inhumer les défunts dans son enceinte, suivant l’usage du temps. Ont reçu la sépulture dans l’église non seulement les curés successifs et les autres membres du clergé atta­chés à la paroisse, mais les personnages de marque remplissant des charges officielles soit dans le comté de Vaudémont, soit dans sa petite capitale.

Les bourgeois de Vézelise pouvaient aussi être enterrés dans l’église moyennant une redevance de quatre francs par personne.

Ces redevances, inscrites au budget des échevins, formaient une partie des ressources de la paroisse.

Ainsi, dans le compte de l’an 1620, au chapitre des recettes provenant des droits perçus pour les inhumations faites dans l’intérieur de l’église on lit que Thirion Mingin, pour la sépulture en icelle de Dominique Fourier et de Michaëlle Guérin, sa femme, morts tous deux cette année-là, a versé aux échevins la somme de huit francs. (Cette somme modeste représenterait aujourd’hui un droit plus considérable.)

D’autre part, l’acte d’inhumation de 1620 porte que le sieur Domi­nique Fourier, dit de La Chambre (en raison d’un titre à lui conféré par le duc de Lorraine) et Michaëlle Guérin, sa seconde femme (qui avait été nourrice de Mme la grande duchesse de Florence) ont été enterrés, l’un près de l’autre, au pied des grandes vitres du chœur, à la droite de l’autel.

Vers 1720, M. le prévôt et le conseil de ville firent défense d’inhumer les corps dans l’église à cause des inconvénients qui pouvaient en  résulter, soit pour l’édifice lui-même, soit pour la santé des habitants de la ville, en raison des émanations… Néanmoins, on continua, en dépit des ordonnances de M. le prévôt, à enterrer dans l’église, et assez longtemps, car les actes d’inhumation le prouvent, et la susdite défense, réitérée presque chaque année, l’était encore en 1753.

Pierre tombale dans l'église de Vézelise

Cela n’empêchait pas la paroisse d’avoir au lieu dit: « Le Haut du Plein », son cimetière, là où se trouve le cimetière actuel et dans ce cimetière, une chapelle, où se faisaient également des inhumations,  comme on peut le constater par les archives de la ville.

Les Capucins et les Minimes enterraient leurs morts chez eux… ainsi que les Dames de la congrégation de Saint-Pierre Fourier.

Depuis l’achèvement de l’église, en 1521, jusqu’en 1753, il s’est fait plus de 1.500 inhumations dans l’église. Si on ajoute celles qui furent faites, avant 1520, et dans l’ancienne église et dans le cimetière qui l’entourait, il faut compter au-delà de 2.000 personnes enterrées dans le sol de l’église actuelle. Mais leurs ossements n’y sont plus en totalité. Une partie de ces ossements furent transférés au cimetière, au cours de travaux de réparations, en particulier lors de l’exhaussement du chœur et de l’aménagement du calorifère.

Il y avait autrefois, adossé à l’église, près de la sacristie, une cons­truction appelée ossuaire ou charnier. C’était une sorte de pavillon, entièrement à jour, où l’on plaçait les ossements blanchis que l’on reti­rait des fosses au fur et à mesure que l’on enterrait. Un ossuaire ou charnier analogue existait au cimetière du Haut du Plein.

Parmi les pierres tombales de l’église de Vézelise, il en est de très anciennes; quelques-unes du XVe et du commencement du XVIe siècle. Il en est peut-être qui proviennent de l’ancienne église. La plupart de ces dalles étaient au chœur où elles recouvraient les restes des personnages qui y furent inhumés.

Mais à différentes époques, dans le cours du XVIIIe et du XIXe siècles, le chœur ayant été remanié, exhaussé et le pavé renouvelé, ces pierres tombales furent transportées dans la nef. Quelques-unes furent débitées pour servir au dallage, d’autres ont été brisées.

Les inscriptions de plusieurs sont entièrement effacées.. Du reste, tous les ensevelis dans le sol de l’église n’avaient pas leur dalle funè­bre… On se contentait de mentionner, au registre des décès: « inhumé à tel endroit, près de tel autel, de tel pilier.

Pierre tombale dans l'église de Vézelise

Source

Quelques pages de l’histoire de Vezelise, regroupement d’articles de P. MANSUY, Curé de Vézelise de 1899 à 1915

Saint Cosme et saint Damien, tous deux frères, étaient Arabes de naissance. Ils firent leur cours d’études en Syrie, et se rendirent fort habiles dans la médecine.

Comme ils professaient le christianisme, et qu’ils étaient animés de l’esprit de charité, ils exer­çaient leur profession avec beaucoup de zèle et de désintéressement. Ils sont appelés anargyres par les Grecs, parce qu’ils ne recevaient point d’argent de leurs malades. Ils vivaient à Eges dans la Cilicie. Aimés, respectés universellement, ils étaient connus par leur attachement à la religion chrétienne, à laquelle ils s’efforçaient tous les jours de faire de nouveaux prosélytes.

Durant la grande Persécution, il furent arrêté par l’ordre de Lysias, gouverneur de Cilicie, qui, après leur avoir fait souffrir divers tourments, les condamna à perdre la tête. Leurs corps furent portés en Syrie et enterrés par Cyr. Théodoret, qui était évêque de cette ville au Ve siècle, leur donna le titre d’illustres athlètes et de généreux soldats de Jésus-Christ.

L’empereur Justinien, qui commença à régner en 527, fit agrandir, orner et fortifier la ville de Cyr, par respect pour les saints martyrs dont les sacrés osse­ments y reposaient. Voyant que leur église de Constantinople tombait en ruines, il en fit bâtir une magnifique. Pour satisfaire sa dévotion envers les mêmes saints, il construisit une seconde église à Constantinople sous leur invocation.

On trouve dans la chronique de Marcellin et dans saint Grégoire de Tours le récit de plusieurs miracles opérés par leur intercession. Le VII° Concile oecuménique fait aussi mention de plusieurs miracles opé­rés par l’invocation de saint Cosme et saint Damien ; on y rapporte qu’il n’y avait presque point d’église et même de maison particulière où l’on ne vit leurs images en peinture et qu’elles avaient souvent rendu la santé à des malades désespérés. Leur culte n’était pas moins célèbre à Rome : on peut en juger par la basilique magnifique que le pape saint Félix, bisaïeul de saint Grégoire-le-Grand, consacra à Dieu sous leur nom dans la grande place du Marché de Rome, et par l’insertion de leur nom dans le canon de la messe ; enfin, ils tiennent un rang dis­tingué entre les martys les plus illustres, et jouissent d’un culte égale­ment ancien et célèbre dans toutes les églises d’Orient et d’Occident.

Une partie de leurs précieuses reliques était encore au début du XXème siècle à Rome dans l’église de leur nom, qui était un titre de cardinal-diacre ; elle fut portée dans cette ville du temps du pape saint Félix. Son Eminence, Monsei­gneur le Cardinal Caprara, archevêque de Milan, a donné à M. Alba, curé de Vézelise, une portion de ces précieuses reliques (Ex ossibus St Cosmoe martiris; et ex ossibus St Damiani martiris), avec l’authen­tique en bonne forme, daté de Paris, du 20 septembre 1809, vu et approuvé par Mgr l’Evêque de Nancy, le 27 du même mois et même année.

Saint Cosme et saint Damien s’estimaient heureux de trouver dans leur profession la facilité de procurer à leurs frères souffrants de la consolation et du secours. P. MANSUY, Curé de Vézelise disait, dans un article publié en Septembre 1908:

“Soyons, comme eux, charitables et bienfai­sants, même à l’égard de nos ennemis et de nos persécuteurs, et nous pourrons alors nous regarder comme de véritables disciples de Jésus-Christ ; par là nous ressemblerons à notre divin modèle, et nous nous montrerons enfants du Père céleste, qui supporte les plus grand pé­cheurs, qui les invite à la pénitence, et qui ne cesse de leur faire res­sentir les effets de sa miséricorde. Il ne fait éclater sa justice contre eux que quand ils s’opiniâtrent à mépriser sa grâce et à rejeter les preuves de son amour ; sa nature même est une bonté sans bornes, et il en fait des­cendre des émanations sur ses créatures; tout ce qu’elles ont de perfec­tion vient de lui : il en est le principe et la source ; c’est dans l’imitation de la bonté divine, proportionnée aux efforts dont chacun est capable, que consiste la perfection chrétienne ; et lorsqu’elle est fondée sur les motifs de la vraie charité, elle est l’accomplissement de la loi. On peut donc se sanctifier dans les professions où l’on est engagé pour le service du pro­chain ; il suffit d’agir par l’impression de la charité ; cela n’empêche pas que l’on ne se propose de pourvoir à sa subsistance et à celle de sa famille ; c’est même une obligation dont l’accomplissement est une vertu, si l’on se conduit par un motif également pur et parfait.”

Les Saints Côme et Damien avec les attributs de leur profession par Hans Süss.
Les Saints Côme et Damien avec les attributs de leur profession par Hans Süss.

Sources

Quelques pages de l’histoire de Vezelise, regroupement d’articles de P. MANSUY, Curé de Vézelise de 1899 à 1915

L’église Saint-Côme-et-Saint-Damien de Vézelise, reconnue pour la richesse de ses vitraux, possède également un orgue d’exception du XVIIIe siècle.

Un contexte historique

 La présence d’un orgue au sein même de l’église paroissiale de Vézelise est attestée dès le XVIe siècle.
Le 15 juillet 1685, Jean Treuillot, facteur d’orgues de Langres, vint à Vézelise pour modifier l’instrument existant, en s’inspirant du modèle présent dans l’église Saint-Nicolas de Neufchâteau. L’orgue actuel, réalisé par le facteur nancéien Georges Küttinger pour l’église abbatiale de Beaupré entre 1772 et 1775, a prit place dans l’église de Vézelise le 31 juillet 1793. En effet, avec la Révolution française, les moines sont chassés de l’abbaye cistercienne de Beaupré, et les bâtiments monastiques vendus comme biens nationaux. Le colonel Campet de Saujon, devenu propriétaire de l’abbaye de Beaupré, décida la vente de l’orgue de Küttinger ; ce fut ainsi le maire de Vézelise, Jean-François Salle, qui s’en porta acquéreur le 12 juin 1792, pour 3 500 livres.
Orgue de l'église de Vézelise

Au gré du temps

 Pour le démontage et le remontage de l’instrument, le maire de Vézelise manda le menuisier Augustin Laurent associé au facteur d’orgue Nicolas Génot, pour la somme de 500 livres.
Le 20 octobre 1792, voyant que l’orgue ne pouvait être installé dans de bonnes conditions dans l’église de Vézelise, Jean-François Salle acheta également les colonnes qui supportent la tribune destinée à l’accueillir. Le 31 juillet 1793, l’orgue prit enfin place sur la tribune réarrangée.
Au cours du XIXe siècle, l’instrument subit de nombreuses modifications afin d’adapter ses sonorités au goût de l’époque (En 1816 par J.F. Vautrin, en 1840 par Joseph Cuvillier, en 1867 par Jean-Nicolas Jeanpierre, en 1880 et 1890 par Jean Blesi). En 1935, un ventilateur électrique fut installé et l’année suivante, Jacquot Lavergne de Rambervillers transforma de nouveau l’instrument sous la direction des Beaux-Arts.

Du 23 février 2004 au 6 octobre 2007, le Maître Facteur Yves Koenig et ses compagnons (Sarre-Union 67) effectuèrent la restauration de l’orgue en le rétablissant dans son état de 1775.

Orgue de l'église de Vezelise

Une œuvre visuelle également

Le buffet de cet orgue d’exception est orné d’angelots musiciens, de paniers de fleurs, de masques d’hommes barbus (dans un décor de rocaille), de bouquets, d’instruments, de volutes végétales et d’une croix de Lorraine, en lieu et place des armoiries de l’abbaye de Beaupré, sous le regard d’un alérion.

Angelo de l'Orgue de Vézelise
masque d'homme barbu de l'orgue de Vézelise

Sources

L’église de Vézelise est célèbre en Lorraine pour ses vitraux Renaissance.

S’il existait bien plus de vitraux autrefois, bien des panneaux ont été dégradés ou ruinés par les tempêtes, la Révolution et le vandalisme. Les vitraux du XVIe siècle restant sont rassemblés dans le chœur et au-dessus des deux autels du transept. Toutefois, de 1939 à 1947, ils furent démontés et mis à l’abri près de Bordeaux.

Vitraux du chœur de l'église de Vézelise
Vitraux du chœur de l'église de Vézelise

Les vitraux des nefs latérales, d’une valeur probablement moindre, restés en place, furent soufflés par les bombardements de juin 1940. L’atelier G. Gross de Nancy, mandaté pour les remplacer, mit en place les nouvelles verrières en 1955. Leur aspect général, assez simple évoque le statut politique de Vézelise, les congrégations religieuses qui s’y sont installées et, surtout, les corporations de la ville qui ont contribué, de par leurs dons, à la construction de l’église et ses embellissements.

Blason des Brasseurs - Vitraux de l'église de Vézelise
Blason des Brasseurs - Vitraux de l'église de Vézelise
Blason des Serruriers - Vitraux de l'église de Vézelise
Blason des Serruriers - Vitraux de l'église de Vézelise
Blason de Vézelise - Vitraux de l'église de Vézelise
Blason de Vézelise - Vitraux de l'église de Vézelise

La verrière Renaissance de l’église est considérée comme l’une des plus belles de toute la Lorraine. Elle a été posée de la fin du XVe siècle à 1525. On en connaît de nombreux donateurs parmi lesquelles on trouve le premier curé de l’église, Thomas Philippe (fin du XVe siècle) et les deux plus prestigieux : le duc Antoine et son épouse, Renée de Bourbon (en 1523). Des officiers de la cour ducale et de petits notables locaux ont également participé à son financement.

Sources

Le site internet de patrimoine-histoire