Les fresques du Palais de Justice

Les fresques du Palais de Justice

À la fin du 19ème siècle, Ernest Gegout, vézelisien de naissance, issu d’une longue lignée de maîtres-tanneurs, journaliste parisien, polémiste virulent… et cependant haut fonctionnaire, était propriétaire du “Palais de Justice” à Vézelise, noble maison renaissance, qui avait abrité au cours des temps, outre ses fonctions judiciaires, plusieurs personnages importants, administrateurs du comté de Vaudémont, dont Vézelise était capitale.

Bureau du maire - ancien Palais de Justice de Vézelise
Bureau du maire - ancien Palais de Justice de Vézelise

Ernest Gegout, passionné d’histoire locale, chargea l’un de ses amis, artiste peintre, d’orner la grande salle de l’ancien prétoire de Justice, en l’encadrant d’immenses toiles, représentant la visite à Vézelise de René Il – Ville où le prince avait été précédemment reconnu comme Duc de Lorraine par les “Etats” réunis au château local. L’artiste contacté : Gaston Save, était aussi un éminent archéologue, auteur de nombreux articles et communications dans les bulletins artistiques et philomathiques lorrains. Il était donc, outre la possession de son art de peindre, parfaitement apte à juger de la présentation historique de son œuvre.

Duc Antoine jeune. Extrait de la fresque de l'ancien Palais de Justice de Vézelise
Duc Antoine jeune. Extrait de la fresque du Palais de Justice de Vézelise.

e cortège triomphal débute par une troupe de cavaliers-musiciens, tympanistes et tubicennes en action, troupe suivie par le héraut d’armes présentant la bannière révérée de l’Annonciade “qui mit Bourgogne en débandade”. Puis viennent les quatre “Grands chevaux de Lorraine” : Lenoncourt-Haraucourt-Chastelet et Lignéville, sur leurs montures ce guerre et présentant leurs pennons.
La famille ducale se compose de :
René II en armure, chevauchant un destrier richement caparaçonné aux armes de Lorraine.
Le Duc est entouré de hallebardiers.
La Duchesse Philippe de Gueldre, montant en amazone !a haquenée blanche. Elle est accompagnée d’une jeune fille, sa suivante.
Viennent ensuite deux des fils du couple ducal : Jean, très jeune évêque, représenté comme un enfant Pune dizaine d’années, monté sur une mule, coiffé ce la et brancissant la crosse, symboles de son titre épis-: cal.
Antoine, aîné et futur héritier du Duché. Pour le moment marquis de Pont et comte de Vaudémont.
Un hallebardier richement vêtu ferme la marche en montrant du doigt une maison qui représente, très approximativement, le “Palais de Justice” de Vézelise. Ensuite un groupe de vassaux, encadrant le grand Maréchal-Sénéchal de Lorraine Jean de Salm, tous cavaliers et munis de leurs panonceaux d’armes. Enfin, venant respectueusement au devant de cet arroi : Le Seigneur de Tavagny, capitaine de la ville, en présente les armes parlantes : Trois moutoilles et la devise : Moult valent et moult avalent.

Entrée de Renée II à Vézelise, fresque de l'ancien Palais de Justice
Entrée de Renée II à Vézelise, fresque de l'ancien Palais de Justice

Les quatre principaux personnages du panneau central sont accompagnés de leurs blasons : Pour René II, l’écu de Lorraine – qui n’est pas encore complété par les deux lions de sable et d’or – entouré des Prény… Prény… de ralliement lorrain.
Sous l’écu la devise personnelle de René : “Une pour toutes à jamais” (il oubliait Jeanne d’Harcourt !). Pour Philippe de Gueldre, l’écusson losangé mi Lorraine-mi Gueldre et Juliers, ces derniers symboles constituant ses apports, selon indications du phylactère.
Pour Jean l’enfant évêque : Ses armes futures de Cardinal ce Lorraine, avec texte latin, célébrant à l’avance sa gestion religieuse…
Pour Antoine : Les armes de Vaudémont, dont il avait le titre de comte, avant sa future accession au trône de Lorraine.
L’ensemble, classé M.H., cont nous présentons l’un des panneaux en couverture, est très décoratif, haut en couleurs et fut certainement spectaculaire lors de sa réalisation. Il est actuellement en mauvais état : décloué, découpé, terni et sali.

Sources

La Revue Lorraine, revue n°127 datant de Décembre 1995